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HOOV^R INSTITUTION
on Var, Révolution, and Peace
FOUNDEO BY HERBERT HOOVER. 1919
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QUESTION CONGOLAISE
La Compagnie du
à ses Actionnaires
Réponse à ses détracteurs
BRUXELLES = NOVEMBRE 1906
1IX2.0
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Avant- Propos
A Messieurs les Actionnaires
de la Compagnie du Kasai,
En présence des attaques systématiques dont notre
Compagnie est l'objet depuis quelque temps, attaques
dont le but manifeste est de nuire à l'Etat Indépendant
du Congo autant qu'à notre Compagnie, nous avons cru
utile de vous exposer, aussi brièvement et aussi explici-
tement que possible :
ce qu'est notre Compagnie ;
sa raison d'être;
le but qu'elle poursuit ;
les moyens qu'elle emploie pour l'atteindre :
les résultats qu'elle obtient et
ses réponses aux injustes reproches qui lui sont
adressés.
Cette brochure n'a point d'autre but.
Nous nous sommes appuyés, pour l'écrire, exclusivement
sur des faits acquis, sur une expérience de cinq années
- 8 —
de gestion, sur des documents et des rapports authentiques
en notre possession.
Aux légendes que Ton cherche à accréditer sur notre
compte, nous opposons des faits : la vérité.
La vérité se passe de commentaires.
Bruxelles, le 17 novembre 1906.
Le Conseil Général,
MM. V. Begerem,
G. Philippi,
A. Delcommune,
G. Bruneel de Montpellier,
C. D'Heygère,
V. Lacourt,
J. Van Hulst,
A. Mois,
R. Vleminckx,
J. de Hemptinne,
O. De Bauw,
J. Wegimont,
A. Vangèle,
£. Delcommune,
F. Van Mael,
le baron Ch. de Broqueville,
L. Van de Velde.
CHAPITRE PREMIER
Ce qu'est la Compagnie du Kasai.
La Compagnie du Kasai est une société congolaise, à
responsabilité limitée, ayant une individualité juridique.
Elle fut créée par Décret du Roi-Souverain, en date du
24 Décembre 1901.
Son siège social est au Congo : à Dima ; son siège
administratif, à Bruxelles.
Elle est fondée pour une durée de trente ans, mais peut
prendre des engagements et acquérir des concessions pour
un terme plus long.
Elle peut être successivement prorogée par décision de
l'Assemblée générale.
Elle a pour objet la récolte et le trafic des produits
végétaux et de l'ivoire, et toutes opérations d'exploitation,
d'exportation et d'importation commerciales, industrielles
et agricoles.
Elle a pour champ d'action, dans l'Etat Indépendant du
Congo, la partie du bassin du Kasai limitée au nord par
la ligne de faîte qui sépare le bassin du Lac Léopold II
de celui du Kasai et du Sankuru, à l'Est par les territoires
du Comité spécial du Katanga, au Sud par les frontières
de l'État, à l'Ouest par l'Inzia.
- 10 -
Capital social. — Parts bénéficiaires.
Le Capital social fut fixé à un million cinq mille francs,
représenté par 4020 actions au porteur de 250 francs
chacune. 11 peut être augmenté.
Ce capital fut souscrit comme suit :
L'Etat Indépendant du Congo fr. 502.500
La Nieuwe Afrikaansche Handels Vennootschap . . . 85.000
La Société Anonyme Belge pour le Commerce du Haut Congo 85.000
La Société Anonyme des Produits Végétaux du Haut Kassai 63.750
La Compagnie Anversoise des Plantations du Lubefu . . 54.250
La Société Anonyme ^Plantations Lacourt" 51.000
La Société Anonyme „Belgika" 49 -750
La Société Anonyme ^Comptoirs Congolais Velde* . . . 19.250
La Société Anonyme „La Kassaienne" 18.750
Là Société Anonyme „La Djuma" 18.500
La Société Anonyme „Est du Kwango" 15 500
La Société Anonyme „La Loanjé" 14.500
La Société Anonyme ^Centrale Africaine" i3-75o
La Compagnie des Magasins Généraux du Congo . 7.750
La Société Anonyme „Le Trafic Congolais" 5 '750
Il fut créé, en outre, 4.020 parts bénéficiaires sans dési-
gnation de valeur.
Ces parts furent remises aux parties contractantes en
rémunération de leurs apports, qui comportaient : la renon-
ciation au profit de la Compagnie du Kasai, à tout com-
merce d'importation et d'exportation, notamment à celui
de rivoire et du caoutchouc, dans les territoires délimités
ci-dessus; le droit de récolter tous les produits végétaux
du Domaine de TEtat ainsi que Tivoire, pendant un terme
égal à la durée de la Société; la jouissance des postes
commerciaux et la propriété des factoreries d'échange
appartenant aux Sociétés dans le Kasai (bâtiments, dépen-
dances, matériel etc.)
- 11 -
En 1902, la Compagnie a créé des obligations pour la
somme de 4.500/O00 francs.
On peut évaluer à quinze millions la valeur des apports
des Sociétés.
Ce chiffre représente à peu près leur capital de base.
Comme on le voit, le capital réel engagé dépasse 16 mil-
lions et ce chiffre ne comprend pas la valeur des apports
de l'Etat.
Les parts furent attribuées comme suit :
L'Etat Indépendant du Congo 2.010
La Nieuwe Afrikaansche Handels Vennootschap .... 340
La Société Anonyme Belge pour le Commerce du Haut Congo 340
La Société Anonyme des Produits Végétaux du Haut Kassai 255
La Compagnie Anversoise des Plantations du Lubefu . 217
La Société Anonyme „Plantati(lns La court" . . . . 204
La Société Anonyme „Belgika** 199
La Société Anonyme ^Comptoirs Congolais Velde" ... 77
La Société Anonyme „La Kassaienne" 75
La Société Anonyme „La Djuma" 74
La Société Anonyme „Est du Kwango" 62
La Société Anonyme „La Loanjé" 58
La Société Anonyme , Centrale Africaine" 55
La Compagnie des Magasins Généraux du Congo ... 31
La Société Anonyme „Le Trafic Congolais" 23
Total . . . parts 4.020
L'année sociale commence le i*"" Janvier et finit le
31 Décembre.
Le premier Bilan fut arrêté le 31 Décembre 1902.
L'excédent favorable du Bilan, déduction faite des charges
sociales, des frais généraux et des amortissements que le
Conseil d'administration juge utile de faire, se répartit
comme suit:
I® 5 °/o à la réserve, jusqu'à ce qu'elle atteigne 2 millions
de francs ;
- 12 -
2° un intérêt cumulatif de 6 °/o sur le montant appelé
sur les actions. ♦
L'excédent est réparti comme suit:
i** 1/2 °/o à chacun des membres du Comité Permanent;
2"^ 1/8 ""/o à chacun des administrateurs ne faisant pas partie
du Comité Permanent, aux délégués du Gouvernement
et aux Commissaires.
3** 3 **/o mis à la disposition du Comité Permanent pour
être attribués comme il le décidera, au personnel diri-
geant en Afrique, ou pour récompenser les services
spéciaux qui seraient rendus à la Compagnie en Afrique
par des tiers.
4° Le surplus est réparti uniformément entre toutes les parts
bénéficiaires, éventuellement sous déduction des sommes
que le Conseil jugerait utile d'attribuer au fonds de pré-
vision ou à la réserve.
L'Assemblée générale sur la proposition du Conseil
d'Administration ou du Comité Permanent, peut décider
d'affecter tout ou partie de ce fonds de prévision à
l'amortissement des actions au pair, avec l'intérêt à 6 %/,
depuis la date de la clôture du Bilan.
L'assemblée générale peut voter la dissolution de la
Compagnie, mais elle doit en porter l'avis à son ordre du
jour, réunir au moins les 3/4 des actions et parts béné-
ficiaires et la proposition ne peut être votée que par les
9/10 des titres représentés.
En ce cas, après paiement du passif, l'excédent de
l'avoir social servira d'abord à opérer (ou à compléter)
le remboursement des actions au pair, augmenté de
l'intérêt à 6 p. c. jusqu'au jour du remboursement.
Le surplus se partagera entre toutes les parts béné-
ficiaires uniformément.
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CHAPITRE II
La raison d'être de la Compagnie du Kasai
A la faveur du décret du Roi-Souverain, du 30 Octo-
bre 1892, douze sociétés s'installèrent dans le bassin du
Kasai .
Ce furent, de 1894 à 1900 :
La Société anonyme des Produits Végétaux du Haut-Kasai,
La Compagnie Anversoise des Plantations du Lubefu,
Les Plantations Lacourt,
La Belgika,
Les comptoirs Congolais Velde.
La Kassaienne,
La Djuma,
L'Est du Kwango,
Le Loanjé,
La Centrale Africaine,
La Compagnie des Magasins Généraux du Congo,
Le Trafic Congolais,
Deux sociétés : la Nieuwe Afrikaansche Handels Ven-
nootschap, et la Société anonyme Belge pour le Commerce
- 16 -
du Haut-Congo, de création antérieure, y étaient installées
déjà.
Cela porte à quatorze le nombre des Sociétés qui concou-
rurent à l'exploitation des produits du bassin du Kasai.
Ces quatorze sociétés y possédaient, fin 1901, cinquante-
neuf factoreries, dont la récolte totale, pour cette année,
s'éleva à environ 1270 (*) tonnes de caoutchouc.
Aussitôt installées, ces Sociétés se firent une concurrence,
qui alla grandissant.
En moins de trois années, de 1898 à 1901, tous les villages
de leur champ d'action furent envahis par des linguisters
de négoce. Dans les localités les plus riches ils arrivaient
par groupes, solliciter l'indigène.
Puis, comme cette chasse aux produits ne donnait pas
le maximum des résultats attendus, certains Européens
se mirent à visiter eux-mêmes les producteurs.
La concurrence devint chaque jour plus intense.
La fraude s'installa en maîtresse dans la récolte, dans
la préparation du caoutchouc, dans les transactions.
La plupart des caoutchoucs présentés en vente par les
indigènes n'en avaient plus que l'aspect tant ils étaient
mélangés de résines, de manioc, de noix de palme, de
sable et d'autres corps étrangers.
Cette situation eut pour effet d'augmenter dans des
proportions anormales les frais généraux de presque toutes
les sociétés.
Celles-ci s'entêtaient à payer de plus en plus cher des
produits qui devenaient, de jour en jour, plus mauvais.
(*) C'est le chififre qui a servi de base à la répartition des parts
de la Compagnie.
- 17 -
On peut d'après cela se rendre compte des résultats
que devait entraîner pareille exploitation.
^11 est regrettable de devoir constater, écrivait le courtier
„Emile Grisar, dans sa Revue annuelle pour içoo, que
„raugmentation dans la production du caoutchouc n'a pas
„été sans exercer une fâcheuse influence sur la qualité;
„dans beaucoup de districts il a été procédé à l'expédition
„des gommes avec beaucoup trop de précipitation et sans
^donner à celles-ci le temps de sécher convenablement".
„Nous citerons notamment le Kasai rouge dont la qualité
„si sensiblement reculé ; la plupart des lots de cette pro-
^venance nous arrivent chargés de matières volatiles, décor ces
„et autres impuretés et ont ainsi une moins-value de ij à
„2o p. c, comparativement au Kasai rouge I et autrefois**,
„La qualité du caoutchouc du Kasai, écrivait-il fin 190 r,
„a diminué dans des proportions inquiétantes, les nègres
«n'apportent plus aucun soin à la récolte de produits dont
„ils trouvent un écoulement assuré.
„La plupart des lots arrivés cette année de ces districts
pétaient de qualité très inférieure, la pellicule extérieure
„de la boule seule étant du caoutchouc, l'intérieur ne se
«composant que d'écorces et autres matières étrangères
«qui diminuent la valeur de ce produit de plusieurs francs.**
Ces constatations sont éloquemment corroborées par les
instructions données à cette époque par M. le Commis-
saire de district du Lualaba Kasai.
Bref pour beaucoup de Sociétés la situation n'était plus
tenable .
L'Etat, en vue préserver son Domaine, édicta les mesures
les plus sévères, renforçant celles qu'il avait prises,
ordonnant au Commissaire de district d'intervenir auprès
des Sociétés et des indigènes.
- 18 -
Les contrôleurs forestiers se mirent en campagne et
prescrivirent aux indigènes d'adopter des procédés de récol-
tes, conformes à la loi.
A la demande du Commissaire de district, les Directeurs
des Sociétés se réunirent et convinrent de refuser désor-
mais à l'indigène le caoutchouc de qualité inférieure.
On brûla le caoutchouc dit pilé, on dressa des procès-
verbaux à charge des contrevenants, on usa de tous les
moyens légaux pour remédier à la ^situation.
Rien n'y ne.
La concurrence se poursuivit en dépit de toutes les
mesures et de tous les arrangements, et fin 1901, huit des
quatorze sociétés du Kasai soldaient en pertes ou sans
bénéfices, trois autres accusaient quelques bénéfices. (Deux
de ces dernières ayant des exploitations en dehors du
Kasai, il ne nous a pas été possible d'établir, d'après leurs
bilans, si leurs opérations dans le Kasai se traduisaient
en bénéfices ou en pertes.)
(Les renseignements nous manquent pour les trois
dernières).
Voici, au reste, les bilans qui furent publiés à cette
époque.
Béftéfices Pertes
Centrale Africaine
» w
Société anonyme La Loanjé
40,150.09
Comptoir congolais Velde
51,942.33
Société anonyme des Produits Végétaux du
Haut-Kasai
Société anonyme Trafic congolais. . . .
231,890.40
Compagnie des Magasins généraux du Congo
47»o63.85
Société anonyme Belgika
274,477.61
Compagnie Anversoise des plantations du
Lubefu
«;^6.2i
- 19 -
Bénéfices Pertes
Société anonyme belge pour le commerce
du Haut-Congo 260,094.03
Société anonyme Plantations Lacourt. . 162,077.94
Société anonyme belge Est du Kwango . . 15,404.32
Société anonyme La Djuma pas de renseignements
Nieuwe Afrikaansche Handels Vennootschap idem.
Société anonyme La Kassaienne .... idem.
Ces faits ne disent-ils pas éloquemment où avait abouti
dans le Kasai la libre concurrence livrée à elle-même sans
aucun frein: résultats financiers désastreux, pour le plus
grand nombre des Sociétés, Tavenir de la région rendu
précaire, le commerce du caoutchouc devenu difficile et la
source des revenus indigènes, compromise.
A pareille situation, il n'y avait qu'un remède: Tentente.
Sans doute, ainsi qu'on l'a soutenu, deux ou trois des
Sociétés du Kasai eussent pu, grâce à leur puissance,
continuer la lutte, épuiser et supprimer, en fin de compte,
la concurrence.
Mais, sans doute aussi, quelque puissantes que fussent
restées ces dernières, elles n'eussent certainement pas
obtenu les résultats qu'enregistre aujourd'hui la Compagnie
du Kasai, résultats peut-être moins considérables au point
de vue pécuniaire mais incontestablement plus élevés au
point de vue moral et civilisateur.
Les chapitres qui suivent le démontrent d'une manière
frappante.
L'entente, une entente loyale entre tous les commerçants
s'imposait donc comme le meilleur, le plus honnête, le
seul moyen de sortir d'une situation où se débattaient
tant d'intérêts divers et qui atteignait à la hauteur d'un
grave problème d'économie politique.
Les dirigeants eux-mêmes se sont chargés de l'écrire
le jour où ils furent interrogés à ce sujet.
- 20 -
Voici des extraits de leurs lettres :
M. Philippi, de la N. A. H. V.
^Nous ne sommes pas entrés dans le syndicat du Kasai
pour échapper, comme vous le dites, à la ruine.
„La dernière année de notre activité indépendante^ nous
avonSf malgré toute concurrence, réussi à faire des béné-
fices,
^Certes, il est probable que nous serions allés à la ren-
contre de quelques années difficiles, vu la concurrence de
plus en plus effrénée qui se développait dans les régions:
mais il était certain que cela ne pouvait durer.
„Une série de Sociétés, établies à la légère, sans capi-
taux suffisants et sans direction expérimentée, devaient
forcément disparaître et seules quelques Sociétés solides
qui, au lieu de s'entre-égorger eussent facilement pu s'en-
tendre, auraient subsisté''.
M. L. Van de Velde, des Comptoirs Velde,
„A mon sens, il est hors de doute que la Société Je s
Comptoirs Velde** aurait sombré dans la débâcle générale,
si la constitution d'un syndicat n'était pas venue mettre un
terme à la concurrence effrénée qui se pratiquait dans ce
district**
M. Van Hulst, de la Belgika.
^Vous avez mille fois raison d avancer que, sous C an-
cien régime du commerce libre du Kasai, les Sociétés com-
merciales qui y étaient établies, marchaient à la faillite, car
la qualité du caoutchouc allait en s' avilissant chaque jour,
- 21 -
les prix et achat haussaient sinon t indigène se refusait à
produire et les frais généraux indispensables restaient
élevés.
„Le système de la liberté de récolter le caoutchouc a, du
reste, fait ses preuves ailleurs que dans la région du Kasai
et cela pour aboutir aux mêmes résultats néfastes. Ici
encore, je vous parle et expérience.
ffj'ai lUf il est vrai, que des Sociétés puissantes et bien
administrées auraient évité les inconvénients que nous avons
constatés.
ffOest une appréciation qu'il ne coiete guère d avancer,
elle n*en vaut pas mieux pour cela.**
M. V. Lacourt des Plantations Lacourt.
„ Grâce aux bénéfices qu'elle réalisait encore, aux moyens
d'action dont elle disposait, aux mesures de prévoyance
prises, ma Société eut pu très vraisemblablement se mainte-
nir à tégal des Sociétés les plus puissantes.
„Mais l'issue fatale de cette lutte ne faisait pour moi
aucun doute,
„Bien que ma Société fut moins atteinte que d'autres,
f estimai de mon devoir et de t intérêt de ma Société de faire
part à tEtat de mes craintes au sujet du sort réservé à tune
de ses plus belles provinces et de lui signaler le seul refnède
que je voyais à la situation : t entente entre les Sociétés
exploitantes .
^Je préconisai cette entente dans une note qui lui fut
remise le /*•" mars içoi**.
- 22 -
M. D'Heygère pour les Sociétés S.A.P.V. et Lubefu.
„Il est indéniable que la concurrence que se faisaient les
Sociétés dans le Kasai réduisait considérablement depuis
trois ans les bénéfices espérés et que, certainement, si la
concurrence s était poursuivie pendant une courte période
encore, il n aurait plus été possible à aucune Société de
résister au mouvement. Toutes auraient exploité à perte et
évidemment, celles qui n avaient ni les réserves ni les capi-
taux suffisants devaient disparaître**.
M. DE Hemptinne de la Société La Djuma.
„Je suis parfaitement et accord avec vous, la concurrence
que se faisaient entre elles les Sociétés du Kasai était
néfaste et ruineuse. Je vous autorise à le dire de ma part** .
M. O. De Bauw de fEst du Kwango,
t,On peut affirmer, sans crainte de se tromper, que c'est
la perspective d'une situation dangereuse pour leur existence
qui a décidé les Sociétés à souscrire à la création de la
Compagnie du Kasai**,
M. P. De Clippele de la Centrale Africaine,
f,La Compagnie du Kafai est apparue à notre Société
comme un sauveur, et, jet\ suis convaincu^ à toutes celles
établies comme nous, sur les rives de la Djuma- Kwilu** ,
„Plus nous recevions de caoutchouc ^ plus nous perdions
d'argent".
~ 23 -
M. R. Vleminckx de la Kassatenne.
^Cest la perspective d'une inévitable et prochaine ruine
qui a décidé la Société „La Kassaienne^ à souscrire à la
création de la Compagnie du Kasai".
M. F. Van Mael du Trafic Congolais.
„Je marche parfaitement d'accord avec vous et telle était
déjà mon opinion avant la création de la Compagnie du Kasai^.
Nous ajouterons que l'État lui-même n'avait plus rien
à attendre du concours de ces Sociétés dont plusieurs
payaient difficilement l'impôt, satisfaisaient à grand'peine,
aux exigences de la loi sur les replantations fiscales, dont
d'autres ne faisaient plus de bénéfices ou voyaient leurs
bénéfices décroître.
Aucune d'entre elles pour ainsi dire ne pouvait lui
apporter une aide quelconque, faire œuvre d'avenir, se
préoccuper d'un autre programme que celui de veiller
à ses propres intérêts et de travailler à son salut.
Or, peut-on raisonnablement admettre qu'un État, jeune,
sans ressources, chargé de tout créer dans un empire
immense, habité par des peuplades primitives, puisse vivre,
s'organiser, se développer, améliorer sa situation économi-
que, élever ses populations, remplir en un mot sa mission
d'État, s'il n'y est aidé par le commerce?
Devait-il, en cette conjoncture, muet et inactif, assister
à la dilapidation de son Domaine, perdre, sans profit pour
personne, les richesses dont il avait confié l'exploitation à
l'initiative privée?
~ 24 -
N'était-ce pas une œuvre de salut général que la consti-
tution d'un organisme dont l'unité de vues, de Direction
et de surveillance, le programme, conforme aux lois et aux
vœux de l'État, aux intérêts généraux, à tout ce qui touche
la civilisation mettait fin à une situation déplorable?
N'était-ce pas le seul moyen de contribuer efficacement,
à la grande œuvre entreprise au Congo?
Quelle autre conception présente de tels avantages?
Et faut-il d'autres considérations pour justifier la raison
et être de la Compagnie du Kasai?
2
E
3
V
•a
V
3
>
CHAPITRE III.
Le but poursuivi par la compagnie du Kasai.
Son programme.
En se constituant, la Compagnie du Kasai assumait la
charge de sauver les capitaux engagés; elle s'imposait le
devoir de réorganiser les mœurs commerciales, dans toute
l'étendue de son champ d'action et de seconder TÉtat dans
Tœuvre de civilisation qu'il avait entreprise.
Ceux qui attaquent aujourd'hui la Compagnie du Kasai,
ne retiennent de son œuvre que les résultats financiers
qu'elle obtint.
Sciemment, ils laissent dans l'ombre les services qu'elle
rendit et qu'elle ne cesse de rendre à la civilisation et à
l'intérêt général.
Les extraits de documents que nous publions, dans le
présent chapitre, montrent l'ampleur de sa tâche et défi-
nissent le but véritable qu'elle poursuit.
Points essentiels du programme de la
Compagnie élaboré en janvier 1902 :
I® Examiner quelles sont les factoreries reprises à suppri-
mer pour cause de double emploi ou pour tout autre motif;
- 28 -
2" Déterminer les endroits où il convient d'installer de
nouvelles factoreries;
3° Orienter l'activité commerciale de la Compagnie de
façon à répartir judicieusement ses efforts, à laisser reposer
les régions fatiguées ;
4** Explorer, étudier progressivement son champ d'action;
en dresser la carte économique;
5** Réduire le portage au minimum. Étudier la navigabilité
des rivières, utiliser, dans la mesure du possible, tous les
biefs navigables, créer et situer, en conséquence, les facto-
reries et les transits .
6^ Améliorer la qualité des produits d'exportation, en
fixer le prix d'achat à un taux équitable qui donnât
satisfaction aux indigènes et à la Compagnie.
7** Rechercher les plantes à latex et en général les
plantes susceptibles de donner un produit utilisable. Créer
de vastes plantations d'essences à caoutchouc, créer des
potagers et des basses-cours dans tous les établissements
de la Compagnie.
8**J[Encourager les indigènes à augmenter leurs cultures
vivrières, à entreprendre des cultures de rapport; les
aider dans l'établissement de leurs villages et de leurs
habitations.
9® Amener au travail les populations jusqu'alors réfrac-
taires, étendre ainsi pacifiquement le champ de récolte de
la Compagnie jusqu'à ses limites; organiser, de façon
économique, les transports dans toute son étendue.
io° Réduire les frais généraux, organiser la surveil-
lance et l'administration de la Compagnie.
11° Seconder l'Etat et les missions dans leur œuvre de
civilisation. Apporter aux missions religieuses, scienti-
fiques et autres, aux hôpitaux, aux institutions, aux Sociétés
- 29 -
savantes et philanthropiques, sans distinction de nationalité,
l'aide la plus efficace.
12° Créer des hôpitaux pour indigènes; installer des
écoles et des ateliers pour former des commis, des clercs
et des artisans.
13*" Créer une ferme pour l'élevage et la culture des
plantes de rapport.
Extraits des instructions données
au personnel d^Afrique.
Pour l'édification complète de la Compagnie, il est indis-
pensable que les agents se renseignent non seulement sur
les ressources des contrées qu'ils visitent, mais aussi sur
la topographie de ces contrées, la minéralogie, la flore^ la
faune et en général sur tout ce qui présente un intérêt
quelconque.
Us dressent à la boussole et à la montre des itinéraires
renseignant les cours d'eau et les localités du pays.
Au point de vue miner alogique, les agents se bornent à
recueillir des échantillons de minerais et à les envoyer à la
Direction,
Au point de vue de la faune, ils notent ce qu'ils ont con-
staté de visu ou appris par les indigènes.
Ils mettent en herbier les plantes ou fragments qui leur
paraissent intéressants.
Les échantillons de plantes doivent se composer, autant
que possible, des quatre éléments : tige^ feuille, fleur et fruit.
Les objets de fabrication indigène remarquables, soit par
leur nature, soit par leur fabrication, soit par les indica-
tions qu'ils peuvent donner au sujet de certaines ressources
du pays, doivent être adressés à la Direction. , .
- 30 ~
// est prescrit de la façon la plus formelle de traiter
toujours les indigènes avec patience et bienveillance. Les
mesures les plus sévères seront prises contre ceux qui
contreviendraient à cette prescription; ceux qui se livre-
raient à des actes de brutalité envers les indigènes seront
impitoyablement dénoncés à la Justice
Les factoreries possèdent chacune une certaine quantité
alarmes à feu (fusils rayés à percussion et fusils à piston)
destinés uniquement à la défense des postes. Des prescrip-
tions très sévères de l'Etat règlent les dispositions concernant
cet armement. Nous attirons d'une manière toute spéciale
r attention des agents sur cette question en les prévenant que
toute infraction aux lois de l'Etat, entraînera pour eux des
mesures de répression sévères, , . .
Sous aucun prétexte, les armes rayées, autres que celles
qui font l'objet du port-d' armes spécial des blancs ne peuvent
sortir du périmètre de la factorerie. Elles ne peuvent en
aucun cas être employées à des incursions dans la région.
La répression des séditions ou des actes de brigandage
est exclusivement réservée aux autorités de VEtat,
Il est prescrit aux gérants de créer des poulaillers,
chèvreries, bergeries, pigeonniers, jardins potagers, cultures
alimentaires, etc., afin de n être jamais à court de vivres frais.
Il est prescrit à tous les agents de planter dans les fac-
toreries des arbres fruitiers de toutes les essences existant
dans la région.
La Direction veillera à propager toutes les essences utiles.
Il importe aussi d'engager les indigènes travailleurs à
- 31 -
cultiver, en dehors des heures de travail^ ou à faire cultiver
par leurs femmes, les terrains voisins de leur campement
en y plantant du riz, du maïs, des arachides, du manioc^
du tabac, etc. y pour leurs besoins personnels et leur profit
exclusif . . .
La Compagnie exige que toutes les personnes de couleur
résidant dans une de ses factoreries soient munies d'un
engagement régulier. . .
Tout le personnel noir doit figurer sur les listes de con-
trats et licences de la Compagnie, . .
Les agents s'efforceront cC amener les indigènes dans les
factoreries ; ils visiteront leurs régions et s' entretiendront
aussi souvent que le service le permettra avec les chefs \ ils
gagneront leur confiance et conquerront leur sympathie; ils
se renseigneront aussi complètement que possible sur les
ressources du pays et les moyens de les mettre en valeur.
Les agents qui devront se créer des relations dans les
secteurs éloignés et peu accessibles, devront le faire avec
prudence et habileté, pour ne pas s'attirer l'hostilité des
indigènes, ce qui serait un danger pour eux et retarderait
tout développement de ce côté.
Ils ne devront jamais s' aventurer lorsque les indigènes
sont manifestement hostiles; ils auront à se retirer et à
attendre un moment plus propice ou une protection quel-
conque qui les garantira de tous dangers. . .
Damais les agents de la Compagnie ne peuvent avoir
recours aux armes pour imposer leur passage; notre
action ne saurait cesser d'être commerciale pour devenir
militaire ef notre armement doit rester toujours purement
et exclusivement défensif.
- 32 -
„Aussi devons-nous user de patience avec les indigènes
et inspirer confiance à leurs chefs par quelques cadeaux
faits à propos, etc.
n En s' observant, en ne se montrant ni exigeant ni brûlait
ni impatient, on s'achemine vers le succès finaL..
^Cependant, il ne faut jamais oublier que les indigènes
sont des êtres primitifs, impressionnables et que ton ne
peut se fier entièrement à eux.
tfLes meilleures assurances de leur part ne doivent
jamais exclure la prudence,..
„La façon de récolter le caoutchouc est et une importance
capitale pour P avenir de notre Compagnie. Les agents ne
sauraient prendre trop de mesures pour amener les indi-
gènes à adopter des méthodes conservatrices des lianes et
à toujours produire les belles qualités de caoutchouc qui
font la réputation du Kasai, Il faut amener les indigènes
à abandonner leur méthode de production de caoutchouc
par pilonage de lianes coupées, procédé qui pourrait aboutir
à la destruction complète des lianes.
^Les gérants sont responsables des agissements des
clercs, capitas ou colporteurs qu'ils emploient.
„En aucun cas le caoutchouc pilé en masses ^ contenant
des impuretés diverses : déchets de bois, etc., contenant
parfois plus de résidus que de caoutchouc proprement dit,
ne pourra être acheté,..
„Tout caoutchouc laissant à désirer doit être impitoya-
blement écarté, cest le seul moyen d'amener les indigènes
à des procédés de récolte plus rationnels et de mettre fin à
ta destruction des plantes à latex.
„Souvent les indigènes introduisent à l'intérieur des boules
des matières étrangères telles que terre, manioc, résines,
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-- 35 -
parfois des noix, des pierres; aussi, lors des achats, les
gérants doivent-ils, avant de procéder au pesage et au paie-
ment, faire sectionner en deux parties, boule par boule, le
caoutchouc présenté en vente.
„Cer tains natifs mêlent à leurs produits des résines qui
ont l'aspect du caoutchouc et qui rendent le produit poisseux
ou sans valeur aucune,
„Les agents rechercheront C origine des fraudeurs et les
dénonceront à la Justice, mais il leur est strictement défendu
de procéder eux-mêmes à des confiscations de produits.
Ils les feront connaître à leurs collègues voisins, de façon
à ce que le caoutchouc de mauvaise qualité soit systémati-
quement refusé dans tous les postes de la Compagnie* . . .**
Chaque courrier d'Europe apporte en Afrique des ins-
tructions particulières, dictées par les circonstances, par
les événements, par les mille faits de notre carrière
commerciale.
Le même esprit d'humanité, de tolérance et de justice
les inspire.
Nous Taffirmons hautement, dans l'impossibilité où nous
nous trouvons de tout reproduire ici.
La Compagnie du Kasai n*a jamais été et ne sera jamais
partisan de la violence.
Toute opération de force détruit le commerce pour des
mois.
La plupart de nos factoreries sont loin de tout secours.
Cependant les meurtres de blancs sont excessivement rares.
Cela ne prouve-t-il pas la bonne entente qui règne
entre nos agents et les indigènes avec qui ils commercent?
Cela ne démontre-t-il pas, tout au moins, que nous res-
pectons la liberté et les droits des indigènes, si Ton ne
veut pas admettre que nous leur inspirons de la sympathie?
- 36 -
Toute question de sentiment mise à part, notre Compagnie
a d'ailleurs un intérêt considérable à travailler à rémanci-
pation des indigènes. C'est, pour elle, un point d'économie
politique élémentaire que de se préparer des travailleurs
paisibles, serviables, comme de ménager les sources de
ses revenus et d'étendre son occupation à tout son champ
d'action. En procédant de la sorte elle remplit autant un
devoir de sage administration qu'un devoir d'humanité.
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CHAPITRE IV
Les moyens qu'elle emploie pour atteindre
son but.
Subdivision des territoires.
Pour la réalisation de son programme, le Conseil d'Admi-
nistration sans toutefois paralyser l'initiative de la Direction
d'Afrique, tient la haute main sur toutes les opérations de
la Compagnie, sur la marche de ses affaires en Afrique
et en Europe.
Les services d'Afrique : le Secrétariat, la Comptabilité,
le Transit général, la Marine et le Commerce sont centra-
lisés à Dima; ils répondent à des services similaires créés
auprès de l'Administration Centrale et qui permettent tout
contrôle.
Dima se trouve à l'entrée même du champ d'action de
la Compagnie.
Celui-ci fut subdivisé en secteurs, placés sous la surveil-
lance d'un chef relevant de la Direction d'Afrique.
Chaque chef de secteur commande à un certain nombre
de gérances ou factoreries d'échange et de transit.
Le gérant travaille avec un adjoint.
Les factoreries ont ordre d'opérer des jonctions entre-
- 40 -
elles de façon à s'entr' aider au besoin, à se ravitailler, à
s'entendre, et à créer progressivement notre réseau d'occu-
pation.
Ainsi, l'œuvre est assurée de l'unité de vue et d'action
indispensable.
Explorations.
D'une façon générale, tous les agents de la Compagnie
ont ordre d'explorer et de reconnaître les régions où ils
travaillent.
Les inspecteurs et les chefs de secteurs sont en roule
toute Tannée. Les gérants des factoreries qui ont un
adjoint sont en route de dix à quinze jours par mois.
Les capitaines de steamer, lorsqu'ils n'assurent pas le
service fluvial, s'occupent de la reconnaissance et du
curage des rivières.
Toutes ces explorations sont essentiellement pacifiques
et nous pouvons affirmer que dans tous les endroits où
nos agents sont installés, ils le sont avec l'assentiment
des indigènes, sans autre protection.
Pénétration. — Récolte du caoutchouc et de Tivoire.
Dans les régions nouvelles, la pénétration est souvent
difficile et dangereuse; les négociations avec les villages
sont toujours laborieuses et leur succès dépend surtout de
la patience et du sang-froid de nos agents.
Ceux-ci commencent par faire des ouvertures et des
cadeaux aux chefs; mais sans l'intervention de chefs amis
qui se chargent de rassurer leurs collègues sur nos inten-
tions, de faire connaître nos mérites et les avantages que
nous apportons, ils n'avanceraient guère en besogne.
Récolteurs de caoutchouc.
Construction d'un séchoir.
- 48 -
Certaines tribus, certains chefs, refusent toutes avances,
tout commerce et, systématiquement, s'opposent à notre
pénétration .
Nos agents respectent leur indépendance; patiemment
ils continuent à insister usant de tous les moyens légaux
et bienveillants, et attendent pour s'installer leur assenti-
ment.
La création de chaque factorerie amène celle de petits
postes dans les centres de production. Dans les régions
déjà connues, pacifiques et occupées, des linguisters indi-
gènes parcourent les villages, y achètent les produits, qu'ils
rapportent en factorerie.
L'indigène qui vend ses produits choisit lui-même les
marchandises qu'il désire.
Il récolte ou ne récolte pas. Nous n'avons et ne désirons
aucun moyen de contrainte ou de pression.
Notre système donne, du reste, d'excellents résultats.
Le caoutchouc récolté et convenablement séché pendant
deux ou trois mois est emballé à la factorerie même dans
des paniers fabriqués par les indigènes. Puis il est pesé,
marqué et convoyé vers Dima et l'Europe.
11 est reçu à Anvers par notre service de contrôle.
Chaque arrivage est l'objet de sa part d'un rapport
détaillé sur les espèces reçues, leurs qualités, leurs défauts
éventuels.
Comme la provenance de chaque panier est connue, les
observations sont transmises directement à l'agent en
défaut par l'intermédiaire de la Direction.
Chaque centre de production est donc contrôlé, non
seulement par le chef de secteur, l'Inspecteur et la Direc-
tion d'Afrique, mais encore par l'Administration en Europe.
Tous nos produits sont vendus sur le marché d'Anvers
par l'intermédiaire de nos courtiers et de nos consignataires.
- 44 -
Factoreries.
Les factoreries furent situées de façon à répartir judi-
cieusement les efforts, à ménager les régions déjà entamées.
Filles furent installées le long des cours d'eau ou à leur
proximité, dans les endroits les plus salubres et, autant
que possible, près des agglomérations productives.
Chaque factorerie possède dans sa zone d'action (zone
nettement délimitée) un ou plusieurs petits postes d'achat
commandés, selon leur importance, par un agent européen
ou par un clerc.
Toutes les factoreries sont ravitaillées régulièrement
grâce à notre flotille fluviale qui, à l'heure actuelle, com-
prend onze steamers :
Le M* Fumu N' Tangu, La Madeleine, La Marie,
Le Velde, L'Antoinette, La Lys, L'Est du Kwango,
L'Alostville, Le Saint Antoine, LUbaka, L'Emile
Dewèvre.
Deux ou trois de ces steamers assurent le service
Dima-Pool et retour, les autres celui entre Dima et les
factoreries.
En amont des points terminus de la navigation des
steamers, les transports sur rivières sont effectués par des
baleinières et par des pirogues indigènes ; le portage est
ainsi réduit à l'indispensable.
Les steamers ont leur port d'attache à Dima (Direction)
où nous avons fait construire un atelier complet de répa-
rations et un „slip".
Les marchandises d'Europe sont transitées à Dima qui
les répartit entre les différents postes suivant les réqui-
sitions.
De même, les produits à la descente, stoppent à Dima,
u
O
o
c
- 47 -
y sont, une fois de plus, contrôlés, puis expédiés vers
l'Europe .
Un agent de la Compagnie, installé à Kinshassa, sur-
veille les transbordements et assure les expéditions.
Les factoreries les plus lointaines se trouvent donc en
communication constante avec la Direction de Dima et
avec celle d'Europe.
Des marchandises.
Le commerce dans le bassin du Kasai en est encore
au stade de rechange.
A Tépoque où la Compagnie du Kasai fut constituée,
la concurrence avait approvisionné les postes d'achat de
tant d'articles disparates, superflus, d'un prix si élevé,
d'une arrivée si brusque et si inattendue chez ces peu-
plades, qui vont presque nues, qu'en persistant dans sem-
blable voie, nous eussions infailliblement abouti à la for-
mation, dans nos magasins, de stocks aussi considérables
qu'invendables.
A l'heure actuelle, malgré la sélection que nous opé-
râmes lors des reprises, en 1902, nos magasins sont encore
fournis d'anciens articles d'échange d'un écoulement plus
que laborieux.
Nous décidâmes, en conséquence, de ne plus expédier
que les marchandises conformes aux besoins actuels de
l'indigène, qu'il puisse se |)rocurer facilement, nous réser-
vant d'introduire de nouveaux articles au fur et à mesure
de ses progrès et de ses besoins nouveaux.
En opérant ainsi, nous croyons agir logiquement et
dans l'intérêt même de l'indigène.
Toutes nos marchandises sont tarifées à leur prix de
- 48 -
revient à destination et cédées aux indigènes à ce prix.
L'agent ne peut ni le majorer ni le réduire.
Un contrôle sévère des magasins et des livres rend
toute fraude difficile, si pas impossible.
Recrutement.
La question du recrutement a une importance capitale.
Les meilleures intentions sont stériles, les ordres les plus
sages, inutiles, la surveillance, inefficace si le personnel
employé n'apporte pas dans l'accomplissement de sa tâche
le souci de bien faire.
L'agent au Congo vit dans un état d'indépendance rela-
tive. On doit pouvoir compter sur ses qualités morales,
son zèle, son initiative, son humanité.
11 faut pour l'Afrique des caractères trempés, des
hommes de sang-froid et de courage qui résistent à
l'affolement, à la peur, aux forces déprimantes du climat,
de la fièvre et de la solitude.
L'indigène a les caprices et les revirements d'un enfant,
il est impressionnable, superstitieux, irréfléchi. Il faut
savoir le conduire, ne pas trop vite s'effrayer de ses que-
relles, ni de l'attirail de guerre qu'il n'abandonne jamais,
rester calme devant ses menaces et indulgent devant ses
erreurs.
Tout cela suppose chez l'agent des qualités multiples
et précieuses au sujet desquelles on n'est guère renseigné
qu'après expérience.
Nous apportons la plus grande circonspection dans le
choix de nos agents.
Chaque candidature fait l'objet d'une étude consciencieuse
qui écarte, à priori, toute proposition douteuse.
L'agent engagé est soumis, avant son départ, à une
En poste.
Au beach.
— 51 -
visite médicale sévère et n'est autorisé à s'embarquer que
s'il est sain et robuste, que s'il paraît réunir toutes les
conditions requises.
Le personnel d'Afrique, clercs, artisans, travailleurs, est
engagé par contrat.
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El
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'^ ^^^m ni
feir^^^ï ~^^*'
Lavader.
Ce contrat, dûment signé devant témoins, mentionne
toutes les conditions de l'engagement, salaire, durée, travail
exigé, etc.
Il est remis à chaque engagé un livret de compte où
sont inscrits au fur et à mesure le salaire dû et les
avances reçues.
Les travailleurs salariés, charpentiers, marins, forgerons,
- 52 -
clercs, etc. etc., gagnent de 40 à 150 francs par mois
selon les services qu'ils peuvent rendre.
Le salaire des engagés ordinaires est de trois brasses
de tissu fort dans la région de Lusambo, Luluabourg et
Luebo n.
Il est de quatre brasses en aval du confluent du Kasai-
Sankuru.
Les rengagés gagnent davantage, et à ceux qui ont
pratiqué un métier, nous payons 8 à 12 brasses par mois.
Ravitaillement des agents blancs.
Le ravitaillement des agents blancs en Afrique est
Tobjet de tous nos soins.
Nous estimons, en effet, que sous ce climat déprimant
de rAfrique, Thomme a besoin d'une nourriture saine,
abondante et variée.
Indépendamment des vivres frais (légumes et viande)
qu'il est autorisé à acheter, chaque agent reçoit réguliè-
rement un ravitaillement de légumes, de farine, de con-
diments, de vins, de Champagne, de cordiaux, etc., etc.
Tous ces articles sont de toute première qualité et
portent les meilleures marques.
Nous avons la satisfaction de constater que nos agents
s'en déclarent satisfait^.
Surveillance.
La surveillance est exercée par les chefs de secteurs.
Ceux-ci veillent à ce que les ordres directoriaux soient
exécutés, à ce que les agents se conforment aux règle-
ments et instructions de la Compagnie, aux lois et
circulaires de l'Etat.
(•) La brasse est de 2 yards sur 36 inches. Elle vaut de i fr. 10
à I fr. 70 selon la qualité du tissu.
eu
a
- 55 -
Ils sont responsables de Tordre, ils interviennent auprès
des indigènes en cas de différend, ils explorent et orga-
nisent le champ d'action de la Compagnie, d'accord avec
la Direction d'Afrique, qu'ils renseignent mensuellement
sur la marche des affaires, sur tous les incidents qui se
produisent, sur les faits et gestes des agents sous leurs
ordres .
Ils visitent, au moins cinq fois par an ceux-ci, inspectent
leurs factoreries et postes.
Lors de chaque visite, ils établissent un procès-verbal
et Inspection qu'ils transmettent en Europe, par l'intermé-
diaire de la Direction d'Afrique.
Afin d'être renseignés, chaque fois, sur tous les points
intéressants, afin d'éviter les oublis et de recevoir de tous
nos postes la même documentation, nous avons rédigé
ces procès-verbaux sous forme de questionnaire.
Ils forment une brochure de trente-trois pages et com-
portent outre les demandes de renseignements généraux,
cent trente-huit questions classées en douze chapitres :
Le chapitre
I a
trait
à l\'mp lacement des postes;
«
II
W
aux renseignements généraux sur
la région;
w
III
n
aux agents européens et à leur con-
duite vis'à-vis des indigènes;
»;
IV
w
au personnel noir;
•;
V
w
au commerce;
n
VI
w
aux bâtiments;
»;
VII
n
aux cultures alimentaires, basse-
cour et chèvrerie;
w
VIII
n
au ravitaillement;
«
IX
w
à la marine et aux transports;
n
X
n
à V armement;
- 56 -
Le chapitre XI a trait à la comptabilité;
„ XII „ aux relations des agents de la Com-
pagnie avec les agents de If Etat.
Ainsi sont abordés tous les domaines.
Les quelques questions que nous reproduisons ci-après
Intérieur de factorerie.
et qui sont prises dans différents chapitres indiqueront la
nature et la tendance générale des investigations auxquelles
doit se livrer un chef de secteur ou un inspecteur visitant
un poste.
III . — Quel est l'état de santé des agents ?
Leur conduite est-elle d'un bon exemple pour les indi-
gènes ?
- 57 -
Traitent-ils ces derniers avec douceur et patience ?
IV, — Les travailleurs reçoivent-ils régulièrement leur
salaire et leur ration?
Donne-t'on au personnel indigène du poste des facilités
pour cultiver à son profit?
N'impose-t'On pas de corvées aux travailleurs les jours
et heures de repos?
Les clercs et artisans noirs du poste n abusent-ils pas de
l'ignorance des indigènes ?
V. — Quelles mesures avez-vous éventuellement prises
pour améliorer la qualité des produits récoltés par le poste ?
Prend-on soin de classer le caoutchouc ?
(Le caoutchouc poisseux ne peut être acheté pas plus que
le caoutchouc pilé,)
VL — Les habitations du personnel en général sont-
elles spacieuses et confortables?
Les bâtiments ont-ils les dimensions indiquées par les
instructions générales?
Les règles de l'hygiène y sont-elles observées ?
L'ordre et la propreté régnent ils dans le poste?
A-t'On construit une habitation pour isoler les malades
atteints de maladie contagieuse?
VIL — Comment est le potager ?
Quels sont les légumes indigènes et les légumes d'Europe
qu'on y cultive ?
De quoi se compose la basse-cour du poste et quels
efforts fait-on pour l* augmenter ?
VIII, — Le ravitaillement des agents s'effectue-t-il con-
venablement ?
IX, — Le poste est-il suffisamment visité par les steamers
de la Compagnie?
- 58 -
X, — Les prescriptions relatives aux armes et munitions
sont-elles strictement observées?
XL — Le chef de poste possède-t-il un contrat ou une
licence pour chacun des travailleurs qu'il emploie ?
XIL — Les agents du poste entretiennent-ils de bonnes
relations avec l'autorité locale?
Les agents de l'Etat n ont-ils pas (t observations ou de
remarques à faire au sujet de nos agents ou des indigènes
à propos de leur façon de commercer ou de récolter ?
Trois inspecteurs, toujours en route, veillent à ce que
les chefs de secteurs remplissent convenablement leur
mandat. Ils sont (comme les chefs de secteurs, du reste)
chargés de s'enquérir auprès des indigènes des sujets de
plaintes qu'ils pourraient avoir à présenter contre nos
agents.
Les gérants et les chefs de secteurs sont responsables
de la bonne marche des différents services de leurs fac-
toreries.
Ils ont à connaître leur champ d'action, à visiter les
chefs indigènes, à entretenir les meilleures relations avec
eux, à s'en créer de nouvelles, à recueillir les produits
indigènes contre payement équitable, déterminé d'avance
par la Direction d'Afrique, selon l'espèce, la valeur et la
qualité des produits.
Ils fournissent mensuellement leurs rapports à la Direc-
tion.
Comme on le voit, la surveillance s'exerce partout sur
la conduite de nos agents envers les indigènes, sur leurs
opérations et sur tous leurs actes indistinctement.
-^ 59 -
Les services de la Compagnie en Afrique.
Transports.
Nous nous sommes expliqués au sujet des transports;
nous n'y reviendrons pas.
Chargement d'un steamer.
Comptabilité.
Chaque gérance, chaque poste de transit, chaque steamer
a sa comptabihté propre qu'il clôture à la fin du mois
pour la transmettre à la Direction à Dima qui, après
vérification, l'expédie en Europe où elle est centralisée
dans les livres officiels de la Compagnie.
- 60 -
Pour ce service encore, le contrôle est donc absolu et
constant.
Le journal des factoreries renseigne, en même temps
que les opérations comptables, les faits journaliers de
quelque importance.
%^£f^.
En construction.
CHAPITRE V.
Résultats obtenus.
Occupation.
Grâce aux reconnaissances de nos agents, nous avons
acquis une connaissance des lieux, des forêts et des voies
de communication du bassin du Kasai qui nous permet de
déterminer les endroits où il convient d'installer des facto-
reries pour la judicieuse répartition de nos efforts et pour
l'exploitation économique de notre champ d'action.
Dans les contrées fatiguées, qui se ressentaient des années
où a sévi la concurrence, nous avons réduit nos efforts,
pour les porter vers les régions inconnues du Sud et de
rOuest.
Nous occupons aujourd'hui le Sud-Ouest du Bassin du
Kasai jusqu'au 7** environ.
Nos agents y ont atteint Djakatunda sur le Yambésé,
affluent du Kwengé (notre carte ne renseigne pas encore
cette localité, d'occupation toute récente, et située à
6° 60' Sud environ).
Jusqu'à cette latitude, tout le pays entre l'Inzia et le
Kwilu a été reconnu et exploré.
Les progrès de notre occupation dans cette région sont
absolument remarquables.
- G2 -
La région entre le Kwilu et la Kantsha, Tune des plus
difficiles et des plus dangereuses, a été entamée.
Pour la première fois, Eiolo et Luanu ont été rejoints
de même que Madina et Mitshakila.
La haute Kantsha est entièrement occupée; d'importantes
Installation d'un poste.
reconnaissances ont été dirigées sur la rive gauche de
cette rivière.
Le travail dans les régions situées entre le 19** et le
20^ de longitude Est (bassins de la Lié et de la Lubué)
jusqu'au 7° parallèle environ a été des plus actif et des
plus fécond en résultats.
Cette région est entièrement occupée.
Les territoires de la rive droite du Kasai, entre les
longitudes de Lubué et de Dima, ont été explorés. Jusqu'à
- 63 -
présent nous n'y occupons que la partie comprise entre
les 18*» et 19*».
Tout le nord, en amont de Bena-Bendi a été visité.
Dans le triangle formé par le Sankuru, le 5"* parallèle
et le Lubefu, plusieurs reconnaissances ont été faites avec
succès ; les factoreries qui l'entourent exploitent l'intérieur
de ce triangle.
Une grande partie des régions du Sud jusqu'au Dilolo
ont été parcourues par des agents spécialement désignés
à cet effet. Plusieurs factoreries y ont été créées.
n reste là beaucoup à faire encore, mais il semble que
nos efforts ne seront pas stériles.
De ce côté, nous nous heurtons à des diflicultés de
communications, à certaines populations férocement hostiles,
comme les Kawandas, et aux fraudeurs Kiokos qui depuis
des années trafiquent dans ces régions.
Partout, dans l'extrême Sud, ceux-ci se livrent à la
contrebande et à la traite. A mesure que notre occupation
s'étend, ils reculent mais non sans instiguer les indigènes
contre nous.
Les difficultés que nous avons à vaincre sont ainsi consi-
dérablement augmentées, malgré cela nous arrivons à les
surmonter. En moins de cinq années nous avons étendu
notre influence jusqu'à 150 kilomètres des frontières Sud-
Ouest de l'Etat et jusqu'au 9"* de latitude Sud du côté du
Dilolo.
Dans le Haut Kasai, la Haute Lulua, la Haute Luébo et
dans d'autres rivières encore, des expéditions combinées
poursuivent la reconnaissance du pays et sa mise en valeur.
Notre carte parlera pour nous des autres régions.
La rivière Lubudi a été reconnue jusqu'à son confluent
avec la Mazangoma.
- 64 -
La Lubefu a été remontée par steamer jusqu'à la facto-
rerie de Mukundji.
Nous les utilisons toutes deux pour nos transports, ce
qui nous a permis de supprimer radicalement le portage
dans ces contrées et de mettre en valeur certaines parties,
jusqu'alors improductives, des régions qu'elles traversent
Dans la Lubi, le steamer „La Lys" a atteint aux eaux
hautes Molowaye (Lac Foa).
En tous temps, nous pouvons atteindre Bakwa-N'Gombé.
Sur le Haut Kasai, des biefs navigables importants ont
été reconnus; ils seront utilisés.
Bref, il n'est pas une rivière dont nous ne fassions faire
le relevé, dont nous ne cherchions à tirer parti et nos
découvertes successives ont eu tout d'abord l'immense
avantage de réduire le portage dans des proportions
inattendues.
L'examen de la carte ci-annexée montrera du reste quel
travail considérable d'exploration et d'occupation a été
accompli depuis 1901 par la Compagnie. Elle peut en cela
revendiquer l'honneur d'avoir secondé vigoureusement
l'Etat.
Cette carte a été établie exclusivement sur les indications
recueillies par nos agents; leurs itinéraires portent leurs
noms.
Les localités qu'ils n'ont pas visitées n'y figurent point.
Chacun d'eux a apporté ainsi sa part de collaboration à
ce document géographique qui déjà n'est plus complet»
chaque courrier d'Afrique nous apportant de nouveaux
itinéraires et de nouvelles découvertes.
Chacun d'eux a travaillé dans sa sphère à l'exploration
et à l'occupation des territoires du Kasai.
C'est avec fierté, c'est avec joie, que nous rendons ici
hommage à notre Direction d'Afrique, à tous nos agents
s
es
>
V
Ci
•3
O
- 67 -
qui depuis notre constitution ont travaillé et travaillent au
Kasai.
C'est avec une émotion poignante que nous songeons à
ceux qui sont morts à la tâche et qui dorment sous la
terre chaude leur dernier sommeil.
L'œuvre qu'ils ont accomplie jusqu'ici, silencieusement,
vaillamment, est énorme.
Nous l'opposons à tous ceux qui d'un cœur léger les
accusent aujourd'hui de violence et de spoliation.
Ce dur travail d'exploration, de reconnaissance, d'avan-
cement absorbe depuis cinq années l'activité des deux
cinquièmes de nos agents européens.
La mise en valeur d'une contrée ne peut se faire que
lentement pas à pas, elle exige de la patience, de la pru-
dence, de la ténacité, de lourds sacrifices, les factoreries
nouvelles coûtent plus qu'elles ne rapportent, mais qui veut
récolter doit semer.
Dima.
Cette monographie serait incomplète si nous ne disions
quelque mots de Dima, siège de la Direction, àme de notre
organisation en Afrique.
Placée au point de jonction de toutes les voies navigables
du Kasai, elle commande les territoires de notre champ
d'action .
Une petite ville pittoresque et laborieuse s'est édifiée
en cet endroit autrefois désert et sauvage.
Toute une population s y est installée, et ce n'est pas
une mince surprise pour le voyageur que la découverte
en pleine Afrique de cette petite cité européenne, de ce
petit port fluvial où les steamers se succèdent régulière-
- 68 -
ment, où se transitent, chaque année, pour des millions
de marchandises et de produits.
C'est là qu'arrivent toutes les nouvelles d'Europe et que
se centralise toute notre vie commerciale du Kasai.
Dima ravitaille par ses steamers tout le champ d'action
de la Compagnie (plus de 60 factoreries et postes) et
transite plus de 3000 tonnes de marchandises et de pro-
duits annuellement.
Dima possède des magasins spacieux, des ateliers de
réparations, de construction, de montage, de forges, de
briqueteries, de charpenterie et de menuiserie ; un slip,
des habitations confortables construites en briques, pour-
vues de tout le confort possible là bas, téléphone, chambre
frigorifique, piano, billard, etc., etc.
On y vit à l'européenne.
Douze agents blancs et plus de 300 travailleurs noirs y
ont leur résidence.
Qualité du Caoutchouc.
Nous nous bornerons, pour montrer l'amélioration de la
qualité des caoutchoucs du Kasai, à reproduire les attes-
tations publiées depuis 1902 par les courtiers dans leurs
revues annuelles du marché.
1Ç02. — L'année iço2 a été pour notre Compagnie une
année dt organisation. Presque tout le caoutchouc récolté en
ipo2 fut vendu en içoj.
190J, — (Circulaire des courtiers Grisar et C^J.
„Les soins les plus éclairés apportés à la récolte et à la
manipulation plus consciencieuse de t article, spécialement
en ce qui concerne le mode (Remballage, ont donné comme
résultat des produits plus homogènes et mieux conditionnés
dont la vente s'est effectuée avec la plus grande facilité, ^^
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3
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0)
3
(fi
— 71 -
^Dans la région du Kasai, entre-autres, une amélioration
sensible s'est manifestée dans la qualité de la gomme
grâce aux efforts du syndicat; aussi ces produits rencon-
trent-ils aujourd'hui toute la faveur des acheteurs.
IÇ04, — (Circulaire des courtiers Grisar et O).
„Quani à la qualité des produits africains, celle-ci
s'améliore grâce aux soins éclairés qui président aujour-
d'hui à l'instruction des noirs.
„Les gommes les plus appréciées sont toujours celles
du Kasai et de l'Equateur; aussi ont-elles atteint cette
année les plus hauts cours connus, soit fr. 11.50 et 11.75."
içoj. (Circulaire des courtiers Grisar &> C"",)
y, Les mesures sévères édictées par tEtat du Congo en
vue d* enrayer les abus que ne manqueraient pas de produire
une exploitation exagérée et l'appauvrissement des forêts
domaniales ont eu pour effet de limiter les exportations à
un taux normal, mais régulier J^
„Les efforts des producteurs se portent surtout sur r amé-
lioration des produits récoltés et sous ce rapport un nou-
veau et réel progrés a été accompli au Congo,
„Les plus beaux caoutchoucs proviennent toujours des
districts du Kasai, de l'Equateur, du Lomami, de l'Uelé
et de la Nongala."
Cultures.
Le service des cultures prend, de jour en jour, une
importance plus considérable.
Il comprend cinq grands centres de cultures :
Bolombo, Bena-Makima, Madibi, Munungu, Lukombé-
Madibi.
- 72 -
Quatre de ces postes travaillent exclusivement aux re-
plantations fiscales ; le cinquième s'occupe de la culture
du Funtumia elastica, exclusivement au profit de la Com-
pagnie .
Tout un personnel spécial, sous la surveillance d'un chef
expérimenté, est employé à ces cultures.
Indépendamment de cela, des potagers existent dans
presque tous nos postes et nous avons installé au Nord
de Dima une ferme destinée à la culture des plantes
alimentaires et à l'élevage.
Potagers.
Dans chacune de nos factoreries un potager a été
créé à l'usage des agents européens.
Régulièrement, ceux-ci reçoivent d'Europe les semences
nécessaires.
Nous avons ordonné la création de ces potagers, non
dans un but d'économie, mais parce que nous estimons
que la meilleure conserve ne vaut pas le légume frais et
nous sommes en ceci d'accord avec les médecins.
Les travailleurs de chaque poste sont également engagés
à entreprendre des cultures vivrières à leur profit exclusif.
Nous leur prêtons toute l'aide désirable, nous leur
accordons toutes les facilités possibles.
Chaque poste arrive ainsi insensiblement à se suffire.
L'indigène s'accoutume à des idées de prévoyance,
d'ordre et d'économie, il s'attache davantage au blanc
dont il apprécie le concours.
Nos factoreries deviennent de petits villages dont il
finit par aimer la sécurité et le confort.
Nos postes de plantations et de cultures, placés comme
- 73 -
ils le sont sous la surveillance de spécialistes européens,
sont — en fait — de véritables écoles où les indigènes
vont apprendre la culture des essences à caoutchouc et
se perfectionner dans celle des plantes alimentaires.
Ireh.
Ainsi que nous le disons plus haut, nous avons entre-
pris non loin de Madibi, à Lukombé-Madibi, dans une
contrée fertile et peuplée, de grandes plantations d'Ireh
(funtumia elastica).
Les terres que nous utilisons à cet effet nous sont don-
nées en location avec option d'achat.
Notre Compagnie possède à l'heure actuelle plus de
200.000 Funtumia cultivés.
Nous comptons planter un minimum de 500 hectares
annuellement.
Caoutchouc des herbes.
Nous avons fait des essais de plantation de caoutchouc
des herbes qui n'ont pas donné jusqu'ici les résultats que
nous en attendions.
De nouvelles expériences vont être tentées.
Ce caoutchouc, un peu négligé autrefois parce qu'il se
vendait à bas prix, retient aujourd'hui fortement notre
attention.
La Ferme de Dima.
L'élevage du gros bétail en Afrique, est un problème
excessivement complexe.
Et s'il mérite une attention toute spéciale, il exige aussi
de longues et patientes études .
~ 74 -
En abandonner le soin à des gérants, sollicités par
tant de travail déjà, était courir à un échec certain.
Nous fîmes donc construire au Nord de Dima une
ferme chargée d'entreprendre des essais d'élevage, de
cultures, et placée sous la direction d'un spécialiste.
L'emplacement avait été soigneusement choisi.
U fournissait de l'eau potable, du fourrage, du bois, la
terre y était fertile, la mouche tsé-tsé, inconnue.
Les expériences se multiplièrent.
Les cultures maraichères donnèrent de bons résultats,
mais le bétail fut décimé pour des causes que l'on ne
parvint pas à établir.
Ce premier échec dûment constaté, nous prescrivîmes
à notre Direction de rechercher $ans retard un autre
emplacement, estimant que seules les conditions locales
étaient en cause.
Nous attendons les résultats de cette nouvelle expérience.
Notre intention est aussi de créer au Pool une grande
ferme, pourvue d'un outillage mécanique pour la culture
de plantes alimentaires et de rapport.
Replantations fiscales.
Nous avons jusqu'ici satisfait, sans difficulté aucune, à
la loi sur les replantations fiscales.
Nos quatre postes de replantations comportent actuel-
lement plus de deux millions de lianes cultivées.
Service médical. — Hygiène.
Deux médecins sont spécialement engagés au service de
la Compagnie en Afrique.
Ils donnent leurs soins au personnel blanc et noir.
c
'-6
- 77 -
Ils sont chargés en outre d'étudier les maladies tropicales
et de prescrire, dans les cas d'épidémie, les mesures de
prophylaxie qui s'imposent.
Chaque agent est pourvu d'une petite pharmacie et
possède des instructions touchant son emploi.
Chaque factorerie reçoit de Dima les médicaments qui
lui sont nécessaires.
Le soin apporté à déterminer l'emplacement des facto-
reries dans des endroits salubres, les mesures d'hygiène
et de propreté prises dans chaque station, la facilité avec
laquelle on s'y procure des vivres frais contribuent, dans
une large mesure, à combattre les influences climatériques.
Nous avons fait construire partout des habitations pour
les indigènes atteints de maladie contagieuse.
La maladie du sommeil sévit dans certaines régions du
Kasai .
De l'enquête à laquelle nous nous sommes livrés, il
résulte que cette maladie est localisée et moins répandue
qu'on ne se l'imaginait.
En attendant que la science lui ait trouvé un remède,
nous avons prescrit de sévères mesures de prophylaxie.
Nous avons voté, pour quatre années, un subside annuel
de cinquante mille francs pour encourager les recherches
des savants qui se livrent à l'étude du fléau.
Notre Compagnie subsidie encore :
L'Institut de Bactériologie de Léopoldville;
Llnstitut de médecine tropicale de Liverpool et la Villa
Coloniale de Watermael.
Nous avons en outre décidé l'installation dans tout le
Kasai d'hôpitaux pour noirs.
- 78 -
Missions religieuses.
Par voie de subsides ou autrement, la Compagnie vient
largement en aide aux missions religieuses du Kasai qui
s'adressent à elle.
Elle emploie leurs catéchumènes, là où c'est pratique-
ment possible, dans certains postes de cultures, dans les
ateliers de vannerie, dans les postes de bois.
Ces catéchumènes sont salariés et engagés régulièrement
comme tous nos autres travailleurs.
Missions scientifiques d'études et de reconnaissances.
Les différentes missions scientifiques qui se sont rendues
dans le Kasai depuis notre occupation ont toujours trouvé
chez nous l'aide la plus efficace et la plus entière.
Nous n'avons pas hésité, dans l'intérêt général d'en agir
ainsi, de prendre à notre charge l'hébergement, les trans-
ports des personnes et des charges de ces missions, de les
faire bénéficier de la connaissance que nous avons acquise
du pays, de ses routes, de ses ressources, de leur faciliter
leur tâche par tous les moyens en notre pouvoir.
L'Etat nous a marqué à plusieurs reprises sa confiance
sous ce rapport, en recommandant à notre bienveillance
des missions étrangères.
Nous estimons, du reste, n'avoir fait en ceci que notre
devoir très strict.
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- 81 -
Recherches botaniqueSy zoologiques et minéralogiques.
Nous avons créé un service d*études scientifiques dont
la mission est d'examiner les échantillons botaniques, zoo-
logiques ou minéralogiques recueillis par nos agents et de
faire toutes recherches qui seraient jugées intéressantes, tant
au point de vue scientifique qu'au point de vue commercial.
Nous remettons au Jardin botanique de Bruxelles toutes
les collections botaniques, herbiers et échantillons que nous
recevons d'Afi-ique.
Des recueils spéciaux mentionnent notre part de colla-
boration à Tétude de la flore congolaise.
Dans le domaine de la minéralogie et de la zoologie,
les découvertes ont été jusqu'à ce jour de peu d'impor-
tance.
A part le fer, dont l'existence est reconnue en beaucoup
d'endroits, la contrée ne parait présenter, au point de vue
minéralogique qu'un intérêt secondaire.
Nous n'en recueillons pas moins tous les sables, quartz
et autres formations géologiques présentant un intérêt
quelconque.
Ces échantillons sont soumis à l'examen des spécialistes.
Nous leur avons remis, entre autres choses, des sables
de la Lié que l'on croyait aurifères et des fragments de
lignite découverts aux environs de Dima.
Des études faites ici et sur place ont démontré qu'il ne
s'agissait en l'espèce que de phénomènes accidentels et
nullement de gisements ou d'alluvions.
La faune du Kasai est déjà fort connue.
Nous n'avons fait, jusqu'à présent, dans ce domaine,
aucune découverte digne d'être signalée.
- 82 -
Depuis une année, nous réunissons ici les objets de
collection, les documents ethnographiques, les échantillons
de minerais, de bois, de gommes, les photographies, inté-
ressant plus spécialement le bassin du Kasai, dans l'inten-
tion de constituer un musée où pourront quelque jour
Steamer avec son chargement de bois.
venir se documenter les savants, les industriels et les
commerçants.
Nous comptons, ce faisant, rendre service dans la mesure
de nos moyens, à l'œuvre congolaise.
- 83 --
Postes de Bois.
Pour ravitailler nos steamers en bois de chauffage dans
les rivières du Kasai, des postes de bois ont été éche-
lonnés le long des voies navigables.
Des travailleurs s y livrent à la coupe et au chargement
du bois.
Vanniers.
Ces travailleurs sont, eux aussi, régulièrement engagés
salariés, nourris et logés par la Compagnie.
Vannerie.
Tout un petit monde de vanniers fabrique annuellement
pour la Compagnie plus de 50,000 paniers nécessaires à
l'emballage des produits.
- 84 —
Ce n'est que dans les régions (et elles sont rares) où
le cody (calamus rotang) ne se rencontre pas, que nous
avons recours à l'emballage en sacs.
Nous ne prétendons certes pas avoir créé l'industrie de
la vannerie dans le bassin du Kasai où elle est depuis
si longtemps en honneur, mais nous lui avons fourni un
débouché.
Nos vanniers habitent la factorerie, ils sont, comme
tous nos travailleurs, engagés librement et régulièrement.
Résultats financiers.
Les bilans que nous publions chaque année montrent
quels résultats nous avons atteints, quels progrès nous
avons réalisés et comment nous avons consolidé la situa-
tion financière générale de la Compagnie.
Nos bénéfices ont été :
En 1902 de Fr. 1,210,706.23;
En 1903 de „ 3497»393oi »*
En 1904 de „ 5»334»797-o6;
En 1905 de „ 7»543»o84-98.
La progression croissante de ces bénéfices est due :
1° A l'économie de notre exploitation ;
2° A l'augmentation de nos récoltes correspondant à
l'extension de notre champ d'occupation ;
3° A l'amélioration de la qualité de nos produits;
4^ A la fermeté du marché du caoutchouc et de la
hausse constante et inattendue des prix de vente.
Selon les espèces, ces prix ont augmenté depuis 1902
de Fr. 2.50, de 3 et de 4 francs au kilo.
Nos bénéfices ont donc suivi surtout et fort naturelle-
ment les fluctuations du marché.
_ 85 -
Les sommes payées sur ces bénéfices aux sociétés
contractantes s'élèvent à fr. 7,035,000, ce qui correspond
à un intérêt annuel de 11 °/o servi au capital engagé dans
la Compagnie du Kasai.
Voilà la rémunération de leurs apports, de leur renon-
ciation à tout commerce dans le bassin du Kasai, de la
cession de tout ce qu'elles y possédaient (factoreries, ma-
tériel, outillage), de l'abandon de la situation qu'elles ont
apportées à la Compagnie du Kasai.
Voilà ce que nos détracteurs ont appelé des bénéfices
monstrueux et immoraux.
Un simple calcul montrera l'importance du concours
financier apporté à TKtat par la Compagnie.
Avions-nous tort d'écrire que la constitution de la Com-
pagnie du Kasai fut un bien, non seulement pour le com-
merce, pour les Sociétés, mais aussi pour la civilisation,
pour l'État ?
CHAPITRE VI.
Réponse aux attaques dont la Compagnie
a été Tobjet.
Les attaques contre la Compagnie du Kasai sont de
date récente.
Avant la publication du rapport de la Commission
d'enquête et l'incroyable campagne qui s'ensuivit, ni la
presse ni les publicistes ne s'étaient guère occupés d'elle.
Les premières attaques dont nous fûmes l'objet nous
surprirent.
Mais, en y réfléchissant, nous comprîmes bientôt qu'elles
faisaient partie d'un plan d'ensemble que, pour rester
logiques, les détracteurs de l'Ltat ne pouvaient ni admettre
le principe de notre constitution, ni reconnaître les avan-
tages de notre organisme.
Il fallait préparer notre déchéance, cette déchéance que
l'on demande déjà publiquement pour d'autres Sociétés.
Il fallait trouver des griefs.
On en chercha.
Pas plus qu'aucune œuvre humaine la nôtre n'échappe
à la critique.
Et nous avons fait aussi des mécontents : la jalousie, la
rancune et la haine ont trouvé place parmi eux.
-SS-
II était naturel d'exploiter ce mécontentement.
On n'y a pas manqué.
Alors qu'il était si simple de s'adresser à nous si Ton
avait réellement envie de se documenter sérieusement,
de rechercher impartialement la vérité I
Nous eussions mis nos archives à la disposition des
chercheurs, à la rigueur nous les eussions aidés à se rendre
sur place s'instruire de visu^ rechercher la vérité pour la
proclamer avec toute l'autorité nécessaire.
Mais non, on s'attarde à chercher à côté, là où l'on
sait trouver d'utiles complaisances. Et l'on se contente
de cela pour parler au nom de l* humanité et des intérêts
généraux !
Quoiqu'il en soit, nous prendrons leurs accusations
telles quelles et nous y opposerons nos réponses.
Qu'on nous permette, toutefois, de faire, avant tout,
une constatation générale :
C'est que jamais, au cours des débats où nous fûmes
mêlés, nos adversaires n'apportèrent une preuve quelconque
de ce qu'ils avançaient contre nous.
Jamais, en dépit de notre insistance et de nos mises en
demeure, le nom d'un témoin ne fut cité, jamais on ne
nous opposa un fait précis, démontré par des documents
signés, confirmé par des témoignages.
Des personnes qui n'ont rien vu de l'Afrique, qui n'ont pas
contrôlé les renseignements qu'ils reçoivent, qui acceptent
comme parole d'Évangile ce qu'on leur raconte, des com-
pilateurs plus patients qu'avertis, voilà qui fait le monde
de nos détracteurs.
Nous affirmons, donc vous avez tort.
C'est, dégagée de toute phraséologie, la contexture de
l'argumentation qui nous a été opposée jusqu'ici.
Malgré cette pauvreté dans la preuve, malgré l'erreur
- 89 -
de pareille campagne, nous ne voulons négliger aujour-
d'hui aucun des prétendus griefs formulés contre nous.
Déjà notre comité permanent s*est expliqué et a mis à
néant, preuves en mains, les allégations formulées contre
notre Compagnie, déjà il a fait justice dans la presse belge
et étrangère des calomnies publiées.
Nous y revenons une fois encore.
Les griefs que Ton nous fait peuvent se ranger dans
trois catégories essentielles :
1° L'imposition en croisettes;
2° Les expéditions militaires;
3° La récolte du caoutchouc pilé ;
4° La spoliation de Tindigène.
Pour étayer les deux premiers, certains polémistes ont
invoqué les passages ci-après du rapport de la Commis-
sion d'enquête :
„Dans la plus grande partie du bassin du Kasai, les
„nombreuses Sociétés qui y étaient installées se sont syn-
„diquées, supprimant ainsi la concurrence, et ont formé la
^Compagnie du Kasai (C. K.). Celle ci qui a été réorga-
„nisée sur la base d'une „société congolaise'', n*a, néan-
„moins, pas reçu de concession proprement dite, comme
„rAbir ou la S. C. A. Ses représentants n*ont pas davan-
„tage été commissionnés pour lever Timpôt. Elle ne peut
„donc récolter le caoutchouc et les autres produits de la
„forêt qu'en traitant directement avec l'indigène".
„Mais si, en droit, l'indigène est entièrement libre de
„récolter ou de ne pas récolter, de vendre ou de ne pas
„vendrc du caoutchouc, en fait il se trouve, tout au moins
„dans le bassin du Sankuru, indirectement contraint à se
„livrer à la récolte de ce produit. En effet, il est assujetti
„à l'impôt vis-à-vis de l'Etat. Or, cet impôt doit être payé
„dans la monnaie locale, appelée „croisette"; et cette mon-
- 90 -
„naie, le noir ne peut se la procurer que chez les facto-
„riens, qui lui réclament du caoutchouc en échange."
^Indépendamment de cette contrainte, on nous signale
^différents abus auxquels donne lieu le système."
„La quantité de caoutchouc que la Compagnie exige
„en échange d'une croisette est plus ou moins laissée à
„rarbitraire. De plus, le factorien, qui sait ou qui pressent
„que rindigène ne travaillera plus à partir du jour où il
„se sera procuré le nombre de croisettes suffisant pour
„payer son impôt, a soin, la plupart du temps, de rémuné-
„rer d'abord l'indigène en marchandises quelconques, autres
„que des croisettes."
„I1 semble résulter des renseignements recueillis par la
„Commission, qu'en définitive le payement remis à Tindi-
„gène en échange de son caoutchouc est inférieur à la
„ rémunération allouée par l'État, dans les mêmes condi-
„tions, aux récolteurs de son domaine privé et que, d'autre
„part, la quantité de caoutchouc exigée est supérieure."
2° „Les substituts nous ont signalé également des expé-
^ditions armées entreprises par des agents des sociétés du
„Lomami et du Kasai".
Nous n'avons jamais eu l'occasion de nous expliquer ni
de protester auprès de la Commission d'enquête qui n'a
interrogé, du reste, ni notre direction d'Afrique, ni aucun
de nos agents, ni nous-mêmes et qui n'a vu du Kasai que
son embouchure, en passant.
Dès que nous avons connu son rapport, nous nous
sommes empressés d'adresser à la Commission chargée
d'étudier les suggestions des enquêteurs une note de rec-
tification.
Cette note porte la date du 23 décembre 1905. Nous
la reproduisons ci-après.
- 91 -
Pour relever les inexactitudes qu'il contient en ce qui
nous concerne, nous n'avons donc pas attendu que nos
accusateurs d'aujourd'hui s'emparent du rapport de la
Commission d'enquête et le commentent.
Nous ajouterons que l'imposition en croisettes, impôt
existant avant notre Compagnie et qui n'a donc pas été
décrété à son intention, ainsi qu'on l'a écrit, est radica-
lement supprimé depuis longtemps.
Il ne fut jamais appliqué qu'avec une très grande modé-
ration et, chose piquante, dans les régions où il fut en
vigueur les chiffres de récolte ont augmenté sérieusement.
Note remise par la Compagnie du Kasai en réponse
au rapport de la Commission d'enquête.
Le rapport de la Commission d'enquête s'occupe, à
plusieurs reprises, des concessions. L'impression que l'on
ressent après lecture est, en fait, peu favorable.
On y lit, notamment, que c'est dans les concessions que
les abus les plus graves ont été constatés: contraintes,
emplois de sentries etc.
Les enquêteurs ont basé diversement leurs jugements :
ils ont visité certaines concessions; ils ont jugé les autres
d'après des rapports.
Il leur était d'ailleurs impossible d'aller partout.
Nous aimons à croire que, s'ils n'ont pas visité le bassin
du Kasai, c'est que vraisemblablement ils savaient d'avance
ne pas y rencontrer d'abus.
D'autre part, le rapport établit une distinction entre les
Sociétés concessionnaires qui ont le droit de récolter par
impositions et celles qui, comme la Compagnie du Kasai,
(') Ce droit est abrogé par les nouveaux décrets.
— 92 -
ne jouissent pas de ce privilège; mais cette distinction ne
semble pas être assez nettement établie: elle échappe à
ceux qui ne sont pas très au courant des choses d'Afrique
et qui confondent ainsi toutes les Sociétés dans un môme
sentiment de réprobation.
D'un autre côté, les jugements portés, sur simple con-
sultation de rapports, ne sont pas tous exacts.
Deux fois, à propos des ^^Expéditions militaires" et des
„Croisettes", et se basant sans aucun doute sur des
enquêtes judiciaires ou des témoignages inconnus de nous
le rapport met en cause la Compagnie du Kasai.
Le Comité Permanent de la Compagnie a été d'avis
que, dans l'intérêt de la vérité, il convenait de relever ces
deux points. Il croit pouvoir affirmer en s'appuyant sur
des documents et des témoignages indiscutables que la
bonne foi des honorables enquêteurs a été surprise et que
leur rapport, en ce qui concerne, bien entendu, ces questions,
est entaché d'erreur.
Il a également cru utile d'exposer, dans ses grandes
Hgnes, la façon dont la Compagnie du Kasai rempht
son rôle de commerçant, afin qu'il n'y ait plus d'équi-
voque possible, afin de montrer que dans la partie des
territoires de l'Etat dévolue à son activité (et l'étendue
de cette partie est considérable), aucun des abus signalés
par la Commission d'enquête n'existe, mais qu'au contraire,
grâce au bienveillant concours de l'Etat, la plupart des
desiderata formulés par elle s'y trouvent réalisés, ou en voie
de réalisation.
Expéditions militaires (rapport pages 220 et 221).
Jamais, en aucune circonstance, les agents de la Com-
pagnie n'ont entrepris „d'expéditions militaires".
- 93 -
Ils n'en ont pas les moyens, chaque factorerie ne
disposant pour sa défense, que de cinq fusils (i).
Ils n'y ont, au surplus, aucun intérêt, toute démonstra-
tion violente ayant pour résultat immédiat d'enrayer le
commerce pour tout un temps.
Les incidents auxquels la Commission d'enquête fait sans
doute allusion, datent de Juillet-Août 1903.
A cette époque, un de nos chefs de secteurs, se porta au
secours de ses gérants menacés à Béna-Luidi et à Yoko-
Punda par les Bachilélés, qui venaient d'incendier la
factorerie de Bachi-Chombé après en avoir attaqué le gérant
à qui ils tuèrent plusieurs hommes.
Des secours avaient été réclamés d'urgence à l'Etat. Ces
secours n'arrivaient point. Cependant il fallait se défendre
c'est ce que fit notre agent.
L'enquête qui fut faite, à la suite de cette affaire,
démontra que la révolte des Bachilélés avait été fomentée
par un féticheur et que notre agent n'avait pas dépassé
ses droits.
Croîsettes (rapport page 233).
Il n'est pas exact de dire que les indigènes ne pouvaient
se procurer des croisettes que dans nos factoreries.
La croisette est originaire du Katanga.
Les indigènes pouvaient en acheter en quantité à Pania-
Mutombo et dans les villages voisins du Katanga.
(') Ce nombre a été augnient('^ liatis qtiehptes postes seulement àej^ms
la révolte des Baknbas.
Nous ferons incidemment remarquer que les règlements de TÉtat
nous autorisent à détenir vingt-cinq fusils par factorerie.
Par suite de certaines circonstances, nous n'avons jamais usé de
cette autorisation, avant les incidents de 1903.
- 94 -
L'Etat payait assez fréquemment ses soldats en croisettes
que les indigènes reprenaient, par exemple, contre vivres.
Il est aussi inexact de dire que „la quantité de caout-
chouc exigée par la Compagnie en échange d'une croisette
était plus ou moins laissée à l'arbitraire".
Cette quantité a toujours été rigoureusement fixée par
la Compagnie, avec la plus stricte équité. Elle correspondait
à la valeur intrinsèque de la croisette sur les marchés
indigènes (^).
Enfin, il est inexact de dire que nos factoreries rému-
néraient d'abord l'indigène en marchandises quelconques
autres que des croisettes afin de l'obliger à revenir
ultérieurement chercher ses croisettes d'impôt.
Les indigènes prennent, et ont toujours pris dans nos
factoreries les marchandises qui leur conviennent et nous
n'avons jamais eu ni les moyens, ni le dessein de les
obliger à prendre telle marchandise plutôt que telle autre.
Nous le démontrerions aisément au moyen de nos
inventaires.
Commerce.
Notre Compagnie s'applique à faire respecter rigou-
reusement par son personnel blanc et noir les règlements
et lois de l'Etat; elle rédigea, dans cet ordre d'idées, des
instructions précises; elle veille jalousement à ce qu'elles
soient ponctuellement suivies. Ces instructions commandent
le respect scrupuleux des droits des indigènes.
Nous sommes heureux de pouvoir déclarer que, depuis
notre constitution, la Justice n'a eu à sévir contre aucun
de nos agents pour sévices ou mauvais traitements envers
les indigènes.
(*) Nous possédons à ce sujet une correspondance édifiante.
- 95 —
Cultures vîvrîères (rapport pages 173 et 174).
Depuis plus d'un an notre Compagnie a installé près
du poste de Dima (Direction), le seul qui ait un personnel
nombreux à nourrir, une ferme où se pratique Télevage
et où sont commencées des cultures vivrières.
Les cultures vivrières indigènes, aux environs de ce
poste, ont quintuplé depuis son installation.
La Compagnie achète tous les vivres dont son personnel
blanc ou noir peut avoir besoin ; l'imposition en vivres n*a
jamais été pratiquée par elle. Elle n*a d'ailleurs pas le
droit d'imposer l'indigène en aucune façon.
Corvées (rapport pages 183 et suivantes).
La Compagnie n'impose pas de corvées.
Elle achète ses matériaux ou se les procure par le
travail de ses salariés.
Tous les indigènes au service de la Compagnie sont
engagés de leur plein gré, par contrat et conformément
aux lois.
Postes de bois (rapport page 183).
La Compagnie se procure le bois nécessaire au chauffage
de ses steamers par le travail de salariés régulièrement
engagés par elle.
Elle s'en procure également chez des particuliers et des
commerçants non indigènes établis le long des rivières et
du fleuve.
Pagayage (rapport page 186).
La Compagnie assure ses importants services de trans-
ports par steamers et par baleinières au moyen d'équipes
composées de travailleurs salariés, régulièrement engagés.
- 96 -
Portage (rapport page i86).
La Compagnie s'est efforcée à employer presqu'exclu-
sivement les cours d*eau pour ses transports.
Elle a ainsi réussi à réduire le portage au strict mini-
mum et cherche à le supprimer complètement.
Elle emprunte notamment pour ses transports par stea-
mers et pirogues plusieurs rivières qui, avant sa création,
n'étaient pas utilisées. Nous citerons Tlnzia, la Kamtsha, la
Lubué, la Lubudi, la Lubefu, le Lubi.
Propriétés des Indigènes (rapport page 153).
Dans le bassin du Kasai, l'indigène récolte le caoutchouc
et les produits du sol partout où bon lui semble.
Il agrandit ses cultures comme il l'entend. Sa liberté
d'aller, de venir, est absolue, et si l'accès de certaines
régions lui est interdit, ce n'est ni par l'Etat ni par nous,
mais par les occupants indigènes eux-mêmes qui ne veu-
lent chez eux aucun étranger.
Ce court exposé suffit, pensons-nous, à remettre toutes
choses au point et à démontrer la constante préoccupation
de la Compagnie du Kasai de ne jamais s'écarter du rôle
purement commercial qui lui est dévolu et d'apporter,
dans les détails d'exécution et d'organisation de ses ser-
vices d'Afrique, tous les perfectionnements susceptibles
d'améliorer la condition des indigènes.
Bruxelles, le 23 décembre 1905.
- 97 -
Caoutchouc dit „Pîlé" .
Nous n'avons cessé, depuis la fondation de la Compa-
gnie, de recommander à nos agents de s'efforcer de
déraciner l'habitude introduite par la concurrence de
pilonner les lianes.
Toutes nos instructions en font foi.
C'est, en partie, à l'application de ces mesures que doit
être attribué le peu d'importance de notre récolte de 1902.
L'Etat, de son côté, n'a cessé d'attirer l'attention de nos
dirigeants et agents en Afrique sur cette importante question.
Loin de fermer les yeux, il a, au contraire, tout récem-
ment encore exercé des poursuites contre un de nos agents
et contre plusieurs de nos linguisters soupçonnés d'avoir
acheté aux indigènes du caoutchouc obtenu par le pilon-
nage des lianes.
Les agents en cause ont été acquittés en première
instance et en appel.
Les magistrats et les contrôleurs forestiers font une
véritable chasse aux récolteurs de caoutchouc pilé.
Nous avons pris, nous, toutes les mesures possibles.
La circulaire ci-après, datée du 16 novembre 1Ç04, montre
qu'il en est bien ainsi.
Elle fut envoyée à tous nos agents indistinctement :
„Au début de notre occupation du bassin du Kasai, nous
avons été amenés à tolérer temporairement l'achat du
caoutchouc de lianes dit „pilé" qui se trouvait encore sur
les marchés.
„Cette tolérance, toute transitoire, fut admise dans le
seul but de ne point apporter de perturbation dans le
commerce.
„Nous constatons aujourd'hui que malgré nos recom-
mandations formelles et répétées, certaines factoreries
- 98 _
continuent à acheter du caoutchouc pilé, encourageant
ainsi les indigènes à persévérer dans leurs habitudes de
récoltes destructives.
„Nous interdisons à tout notre personnel l'achat du
caoutchouc de lianes dit „pilé*\
„Au reçu de cette circulaire, les agents se borneront à
prévenir les indigènes de la mesure radicale prise par
nous, en évitant de les effrayer, mais en leur conseillant
au contraire de s'appliquer à la récolte par incision.
„L'Etat, comme nous, estime que les indigènes cesse-
raient de récolter du caoutchouc pilé s'il ne se trouvait
plus d'acheteurs de ce produit et il est décidé à sévir
avec rigueur principalement contre ces derniers.
„En conséquence, nous prévenons nos agents de ce
que nous les tenons personnellement responsables des
amendes, dommages et pertes qu'encourrait la Compagnie
de ce chef, de par leur faute.
„Tout agent — en cas de récidive — sera révoqué."
Spoliation de l'indigène.
C'est le reproche favori de nos détracteurs que cette
prétendue spoliation de l'indigène.
Comme il est difficile de soutenir que nous usons de
violence à son égard, on nous accuse de le dépouiller.
On fait état des prix payés par le commerçant à
l'indigène avant notre installation dans le Kasai.
Nous avons montré dans un précédent chapitre quels
furent les résultats de ces largesses qui ne procédaient
nullement, du désir d'enrichir l'indigène mais bien plutôt
de la concurrence.
Nous avons démontré que nos bénéfices avaient leur
source principale dans la hausse constante du prix de
- 99 -
vente du caoutchouc à Anvers et que Tindigène acceptait
librement nos prix d'achat.
On nous concédera le droit de déterminer jusqu'à quelles
limites nous pouvons élever ce dernier, puisque nous
sommes responsables de la gestion des capitaux qui nous
ont été confiés.
L'indigène est si peu spolié par nous, il a si peu à se
plaindre de notre Compagnie que nos récoltes vont
augmentant depuis cinq années et que nous ne disposons
pour atteindre ces résultats d'aucun moyen de contrainte.
Peut-on raisonnablement admettre qu'un indigène, libre
de travailler ou de ne pas travailler persiste ainsi à se
laisser dépouiller?
On lui prête, fort gratuitement du reste, des griefs
contre nous.
On ne s'en explique pas.
C'est excessivement commode, mais ce n'est peut-être
pas excessivement honnête.
Conclusions.
Il nous reste à présent à remercier nos détracteurs de
nous avoir fourni l'occasion de nous expliquer publiquement
sur notre programme et sur nos opérations, d'avoir pu
démontrer que dans le Kasai un grand effort a été
accompli vers la civilisation.
Nous avons la conscience d'avoir rempli notre devoir,
d'avoir fait pour l'œuvre congolaise tout ce qu'il était
en notre pouvoir de faire.
Nous ne parlerons pas des difficultés rencontrées et
vaincues.
Elles sont inhérentes à toute exploitation en pays
tropical .
- 100 —
Nous ne parlerons pas de nos projets, de tant de choses
que nous avons à accomplir encore mais qui demandent
du temps et de la patience.
Les œuvres de civilisation sont lentes.
Ce n'est pas en quelques années que Ton fait d'un
peuple sauvage un peuple policé, que Ton dote un pays
des institutions et de l'outillage nécessaires.
Nous avons apporté notre pierre à Tédifice.
Nous avons travaillé avec humanité et justice, usant de
moyens légaux et charitables.
Si notre œuvre n'est pas parfaite, si quelques esprits
impatients en nient la grandeur, si nos détracteurs con-
naissent le moyen de faire mieux et plus vite, nous
sommes prêts à écouter leurs suggestions.
Ils ont la parole.
/
Imprimerie Tr. I ^IN
78, rue de Ruysbroec! . Bruxelles
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